Oradour-sur-Glane, le 17 février 2023
Monsieur le Ministre,
Madame la Ministre,
Monsieur le Président,
Madame la Préfète,
Messieurs les Présidents,
Monsieur le Vice-Président,
Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les Élu(e)s,
Monsieur le Président de l’Association Nationale des Familles des Martyrs,
Chère famille Hébras,
Mesdames et Messieurs,
Nous nous sommes réunis ici aujourd’hui pour dire adieu à Robert Hébras.
Monsieur Hébras fut le dernier survivant du massacre d’Oradour-sur-Glane commis par la SS, mais surtout un homme tout à fait remarquable par son courage et son impressionnant engagement au service de la mémoire et la réconciliation.
Avec lui disparaît également un grand acteur des relations franco-allemandes, auquel l’Allemagne doit beaucoup.
Mesdames et Messieurs, je tenais beaucoup à être parmi vous aujourd’hui pour rendre hommage, au nom de la République fédérale d’Allemagne, à cette personnalité exceptionnelle, un hommage commun où Français et Allemands se tiennent côte à côte.
C’est un moment particulièrement émouvant pour moi, comme pour tous mes compatriotes présents aujourd’hui à Oradour-sur-Glane.
À mon grand regret, je n’ai pas connu personnellement Monsieur Hébras mais je garde un souvenir ému de cette photo si poignante et symbolique, prise en 2013 à Oradour, sur laquelle il apparaît aux côtés des présidents Hollande et Gauck, tous trois main dans la main. Elle témoigne d’un moment historique, d’une étape charnière dans les relations franco-allemandes.
Le fait qu’un travail mémoriel franco-allemand soit possible aujourd’hui à Oradour, après les atrocités commises par l’Allemagne nazie, était tout sauf une évidence. Monsieur Hébras a joué un rôle décisif à cet égard. Comme l’ancien président fédéral allemand, Joachim Gauck, l’a exprimé dans sa lettre de condoléances : « La capacité de Robert Hébras à surpasser ses indicibles souffrances et à nous tendre la main, à nous, Allemands, dans un geste de réconciliation, lui a valu un infini respect. »
Car le nom d’Oradour-sur-Glane restera à jamais associé à l’un des pires crimes perpétrés en France par des Allemands sous le nazisme.
Le 10 juin 1944, la Waffen-SS a commis à Oradour un crime inconcevable : elle a tué de manière bestiale 643 hommes, femmes et enfants, c’est-à-dire la quasi-totalité des habitants, et anéanti le village.
Cet abominable massacre perpétré par des Allemands ne cesse de nous emplir de honte. À cette honte s’en ajoute une autre : celle qu’aucun des auteurs du massacre n’ait été condamné en République fédérale d’Allemagne.
Je voudrais remercier les proches des victimes, de l’Association des Familles des Martyrs, présents aujourd’hui, qui se sont ouverts avec Monsieur Hébras à une commémoration commune avec l’Allemagne. Nous sommes reconnaissants du chemin difficile et douloureux qu’ils et elles ont dû parcourir.
Les habitants d’Oradour n’ont pas seulement œuvré pour garder vivant le souvenir de cette tragédie, mais ont aussi veillé à inclure les Allemands dans ce travail de mémoire et ainsi permis la réconciliation – et cette réconciliation reste, après toutes ces horreurs, un miracle.
Que cela passe aujourd’hui souvent par un travail accompli par des jeunes venus des deux côtés du Rhin est merveilleux.
Monsieur Hébras contribuait énormément à ce travail de mémoire, avec des amis allemands comme Fritz Körber.
Avec Robert Hébras, le dernier témoin du drame d’Oradour nous a quittés, mais pas le souvenir ni la responsabilité.
Nous, Allemands, nous inclinons devant les indicibles souffrances que Robert Hébras et toutes les victimes du massacre d’Oradour ont subies. Et nous saluons la grandeur d’âme dont Robert Hébras et les familles des victimes ont fait preuve en souhaitant la réconciliation.
Nous n’oublierons jamais Robert Hébras ni son action au service de l’amitié entre nos deux peuples et de la paix en Europe.
Merci.