DEVOIR DE MEMOIRE

ORADOUR. Histoire, Vigilance et Réconciliation

Month: juillet 2022

Compte rendu de l’Assemblée Générale ordinaire du 5 mars 2022

Bernadette Malinvaud, présidente de l’association « ORADOUR. Histoire, Vigilance et Réconciliation » (OHVR), remercie chaleureusement les adhérents de leur présence et de leur fidélité. Elle insiste sur l’immense plaisir de se retrouver après 2 ans de pandémie qui ont empêché l’organisation de toutes les rencontres.

Aujourd’hui, 34 adhérents d’OHVR sont présents auxquels s’ajoutent 49 procurations. Le quorum est atteint.
Bernadette Malinvaud, au nom de tous les membres de l’assemblée, se félicite de la présence de Robert Hébras et d’Agathe, sa petite fille, à qui il a passé le flambeau de la mémoire. Dorénavant, ils interviennent ensemble. Robert sait qu’il peut compter sur elle. Elle sera à la hauteur de sa confiance.

Chacun est très heureux que Robert ait recouvré une meilleure santé qui lui permet de nous faire l’honneur de présider cette assemblée. Et nous sommes tous très fier de sa promotion au grade de Commandeur de l’Ordre National du Mérite. Cette décoration lui a été remise par le Président de la République, le 25 janvier dernier. Cette distinction reconnait son engagement, au service de la mémoire d’Oradour, du souvenir des victimes et comme citoyen porteur d’un message de Paix, depuis de très nombreuses années. Robert reçoit les félicitations de tous accompagnées d’applaudissements nourris. Il reçoit également des mains de la présidente, au nom de l’association, non pas des fleurs, mais des chocolats dont il est très friand et qui sont le remède idéal pour lui apporter toute l’énergie nécessaire pour poursuivre son combat.
Robert très touché remercie de cette délicate attention.

Toutefois, un bémol vient tempérer le bonheur de se retrouver. La présidente sait que chacun des présents a une pensée pour le peuple ukrainien, à plus forte raison à Oradour. Ce peuple subit la politique de terreur d’un président autocrate qui a pour rhétorique celle déjà utilisée il y a 80 ans, pour tuer délibérément. On ne peut que partager la douleur de ce peuple et essayer de l’aider selon nos possibilités. Des crimes de guerre sont aujourd’hui perpétrés dans un pays européen.

Robert souhaite intervenir pour saluer l’assemblée de bon cœur et remercier les présents d’être aussi nombreux. Il est très heureux de nous revoir et assure qu’il sera parmi nous aussi longtemps qu’il le pourra physiquement et moralement.

La présidente présente les excuses de nombreux adhérents qui ont envoyé leur procuration ainsi que celles de Jean Claude Leblois, président du Conseil départemental, représenté par Sylvie Tuyéras, conseillère départementale, adhérente à l’association depuis sa création en 2012, de Pierre Allard, maire de Saint-Junien, lui aussi adhérent depuis 2012.

Elle remercie également Annie Dardillac, maire de Javerdat et tout particulièrement Philippe Lacroix, Maire d’Oradour-sur-Glane, toujours à notre écoute. Comme chaque année, nous le remercions de mettre à notre disposition cette salle communale.
Bernadette Malinvaud cède alors la parole à Philippe Lacroix.

M. le Maire salue l’assemblée, les maires des communes limitrophes, son maire adjoint, Benoit Sadry et particulièrement Robert Hébras. Il revient alors sur la décoration de Robert, le 25 janvier dernier. Il tient à souligner que ce moment a été un grand bonheur pour Robert mais aussi un grand bonheur pour tous. Cette distinction honorait non seulement Robert mais aussi ce qu’il représente. L’émotion de Robert était partagée par les personnes présentes à la cérémonie et par de nombreuses autres au-delà d’Oradour et même au-delà des frontières françaises. Les amis allemands ont manifesté leur amitié et leur soutien en cette journée particulière. Être décoré par la Président de la République est un véritable honneur.
Il revient sur la situation en Ukraine et fait part de son inquiétude. À l’instar de ce qui s’est passé il y a 80 ans, personne ne sait comment peut évoluer un conflit face à un despote. L’association des maires de la Haute-Vienne, en partenariat avec diverses associations, comme partout en France, a mis en place une collecte de produits de première nécessité. D’autres actions seront menées, notamment l’accueil de réfugiés. Chaque pays européen a son rôle à jouer dans le respect des valeurs intransigeantes de la démocratie que l’on doit défendre
.

La présidente reprend la parole afin d’évoquer le souvenir de celles et ceux qui nous ont quitté depuis la dernière assemblée.
Elle s’excuse pour d’éventuels oublis et demande à l’assemblée de les lui signaler.
– Albert Valade, 14 ans au moment du massacre, inlassable témoin du massacre mais aussi très engagé dans la renaissance d’Oradour
– Annie Romério
– Jean Michel Brousse
– Madeleine Albert-Roulhac
– Michel Bois
– Claude Bérody, qui fut commissaire aux comptes
– Christiane Hébras, l’épouse de Robert, disparue en décembre 2020. Nous gardons le souvenir ému de son sourire et de sa chaleureuse bienveillance.
– Serge Martin, survivant du massacre de Maillé que OHVR avait reçu pour une conférence il y a quelques années, avec Romain Taillefait, directeur de la Maison du Souvenir de Maillé. Il est décédé la veille du décès de Christiane.
Une minute de silence est observée à la mémoire de tous.

Robert Hébras reprend la parole. Il souhaite informer l’association d’une visite de la DRAC concernant la conservation des ruines du village. Elles ne seront pas réduites. Elles seront conservées en l’état avec les moyens nécessaires pour leur entretien. Le Président de la République s’y est engagé lors de sa venue en janvier. Les personnes présentes pour cette visite venaient de Paris. Elles souhaitaient savoir si les ruines étaient autant visitées que par le passé, ce qui leur a été confirmé. Robert est satisfait de savoir que le parcours dans le village ne sera pas réduit.
Il ajoute que le Centre de la Mémoire va être rénové à partir de 2024.

Philippe Lacroix complète les propos de Robert. Les inspecteurs ont été reçus par toutes les parties prenantes du site d’Oradour : l’Association Nationale des Familles des Martyrs, le Centre de la mémoire, Robert et Agathe Hébras, le maire et Benoit Sadry. La constatation principale était que les ruines se détérioraient et qu’il n’était plus possible de les entretenir comme il y 30 ans. Un effort financier manifeste devait être fait. Des techniques existent mais il faut en avoir la volonté. Ce message a été transmis au Président de la République lors de sa venue. Un dossier lui a été remis à cette occasion. La somme allouée jusque-là ne suffisait plus si l’on souhaitait conserver à la visite une grande partie du village martyr. Il a été assuré que l’état resterait fidèle à Oradour. Il n’y a pas de raison d’en douter car cela a toujours été le cas. Il y a de plus en plus de murs qui s’effondrent, une végétation qui pousse à l’intérieur et qui n’arrange rien. Il sera tenu compte de notre demande car lorsque le paysage disparaît, c’est toute la mémoire qui s’efface. Philippe Lacroix et Benoit Sadry ont souligné, lors de cette visite, que, certes l’église est un endroit très symbolique mais que les 643 victimes ne faisaient qu’une et que toutes les habitations devaient être traitées avec égard.

Ordre du jour
1 – Approbation du compte-rendu de l’Assemblée Générale du 18 mai 2019.
À l’issue du vote, le compte-rendu de l’Assemblée Générale du 18 mai 2019 est adopté à l’unanimité.

2 – Rapport d’Activités par la présidente, Bernadette Malinvaud
Au cours des années 2020-2021 nous avons tous subi les contraintes sanitaires, le rapport d’activité en est forcément réduit.
Les adhérents ont reçu en juin 2020 un document qui rappelait les deux manifestations qui se sont déroulées en 2019, à l’espace Cité à Limoges, auxquelles ont assisté une soixantaine de personnes :
– La projection du film de Jérôme Amimer : « Récits d’Oradour »
– La conférence d’Héloïse BELOIR sur le thème de : « la conservation des ruines ».

Lors de l’AG 2019, il avait été question du partenariat et de la convention signée avec l’Association des Communes Jumelées de Nouvelle Aquitaine (ACJNA) concernant la projection du film « Mademoiselle Marie » (adaptation filmique de la comédie musicale du même nom présentée à Oradour en 2017).
L’ACJNA a acquis les droits de diffusion du film et propose des projections gratuites sur tout le territoire de la Nouvelle Aquitaine, auprès des scolaires et du grand public des communes jumelées.
À l’initiative du président de l’ACJNA, Maxime Négremont, adhérent d’OHVR, pris aujourd’hui par d’autres engagements et que je vous demande de bien vouloir excuser, après chaque projection, un débat est proposé avec le public en présence d’un membre de l’association des communes jumelées et d’un membre d’OHVR apportant un regard historique sur le contenu du film.
En 2019-2020, OHVR, a participé à 10 ciné-débats dans toute la Nouvelle Aquitaine, concernant plus de 1000 personnes. En 2021, après l’interruption due à la pandémie, 4 séances ont eu lieu et 4 sont déjà prévues en 2022.

Concernant, les interventions en accompagnement de Robert Hébras, la dernière a eu lieu au Lycée Saint Exupéry de Limoges, en février 2020. Elle faisait suite à la projection du film « Mademoiselle Marie ». Les élèves avaient souhaité avoir plus de précisions sur le massacre d’Oradour.

Aujourd’hui, il est hors de question de demander à Robert d’aller dans les lycées et les collèges. Physiquement, il a besoin de repos.
Robert continue à recevoir beaucoup de courrier, tant pour lui dire la satisfaction d’avoir lu son livre « Avant que ma voix ne s’éteigne » que pour lui demander des renseignements divers et variés, des courriers d’adultes mais aussi de jeunes qui veulent faire un travail parallèle à ce qu’ils apprennent au lycée.
Ces demandes se font aussi via la messagerie d’OHVR. La présidente est actuellement en contact avec un jeune de Normandie, depuis 2 ans. Il écrit un livre : « Souvenirs de guerre » dans lequel il intègre un ensemble de témoignages de résistants, de déportés, de prisonniers de guerre et de Robert … Son ouvrage sera publié sous l’égide de l’ONAC.

En août 2020, à la suite des inscriptions révisionnistes peintes sur le mur du CMO, OHVR a porté plainte en appui aux plaintes du président du CMO et du maire d’Oradour. Un communiqué a été publié dans la presse et envoyé par mail à tous les adhérents avec un lien pour signer une pétition de soutien à Robert et aux familles d’Oradour. Cette pétition a obtenu 2309 signatures.

En février 2021, Robert a reçu de son avocat, Maître Gaffet, le règlement de la somme de 2319,03 € clôturant le dossier du « contentieux » avec les ADEIF. Le dossier qui date de 2013 a une fin heureuse en 2021 … La présidente précise que le règlement de ce dossier est dû en partie à la ténacité de Sylvie, membre d’OHVR et secrétaire de Me Gaffet, qui, depuis 2017, a multiplié les recherches et les interventions auprès des instances juridiques concernées.

Par anticipation sur les activités pour 2022, Philippe Pommier intervient pour présenter une conférence à laquelle a été associée OHVR avec 17 autres associations, « La rhétorique de la haine », conférence qui a eu lieu le 4 mars 2022 à Limoges.
Cette conférence a permis de réagir fortement face à un discours de haine qui se répand depuis quelques mois en France à l’approche de l’élection présidentielle. Ces messages de haine couvrent les médias, les chaines d’infos en continu, les réseaux sociaux et on ne peut pas laisser envahir le débat public par ce genre de message. C’est pour cela que nous avons pensé que notre association pouvait être aussi partie prenante dans cette initiative qui a été prise par l’IHS-CGT de la Haute-Vienne, le MRAP, la Libre Pensée, l’association rencontre des historiens du limousin et puis, des associations de mémoire de la déportation, des associations antiracistes, la LICRA, la Ligue des Droits de l’homme, SOS racisme … il y avait en tout 17 associations regroupées qui ont invité l’historien, Gérard Noiriel. Il s’est adressé au cours de deux séances originales – gesticulées – c’est-à-dire théâtralisées avec une comédienne, dans lesquelles il a mis en parallèle les discours de haine qui se répandaient à la fin du 19ème siècle, début du 20ème siècle dans la presse de masse de l’époque, dans des journaux et dans des ouvrages de grande diffusion sur l’antisémitisme, en particulier la France Juive de Drumont et les discours d’aujourd’hui. Ce parallèle s’appuyait sur la construction des discours – la rhétorique – des propos de Drumont et les messages haineux d’Éric Zemmour à l’égard d’un autre bouc émissaire qui est aujourd’hui l’immigré et particulièrement le musulman. Cette initiative a eu un franc succès. Le conférencier tenait à ce qu’il y ait des jeunes et 2 lycées étaient représentés : le lycée Gay Lussac avec 3 classes et le lycée Dautry avec 2 classes soit 150 élèves dont les réactions ont été remarquables. Ce sont des élèves assez motivés car ils suivent des options d’histoire et de géopolitique. Ils ont été particulièrement pertinents dans leurs questions. Le débat qui a suivi la conférence a été très riche. En soirée, la salle était pleine et les organisateurs ont dû refuser du monde. Le lieu choisi : l’espace Simone Weil à Limoges, était aussi symbolique.

Bernadette Malinvaud reprend la parole pour présenter le projet phare de l’association : l’édition d’une BD sur Oradour.
Ce projet est né en partie à l’initiative de Robert qui a fait le constat qu’il y avait beaucoup de livres d’histoire sur Oradour mais qu’il faudrait, pour la mémoire, s’adresser de plus en plus aux jeunes. Et si on faisait une bande dessinée a-t-il proposé ! Mais nous ne savions pas faire. Nous avons dû nous appuyer sur des « professionnels » car ce que nous souhaitions alors par-dessus tout, c’est que cet album soit un ouvrage de référence « inattaquable historiquement ».

Grâce à l’intérêt, à l’investissement d’un auteur, Jean-François Miniac, d’un dessinateur, Bruno Marivain et d’un éditeur Nicolas Anspach la BD est en cours de réalisation.
Jean-François Miniac, après s’être approprié le contenu d’une importante bibliographie est venu, plusieurs fois, sur le site d’Oradour où il s’est « imprégné » des lieux.
Il a longuement interviewé et écouté les deux deniers témoins ; Robert Hébras survivant du massacre et Camille Senon, passagère du tramway venu de Limoges au soir du 10 juin 1944.
Ainsi a-t-il pu écrire un scénario très documenté, rigoureux dans sa précision qui a été validé par un comité de lecture, au cours duquel les représentants de l’association des Familles d’Oradour ont proposé à Jean-François Miniac quelques modifications de détails concernant les dialogues.
Notre exigence première était, en effet, de produire une BD irréprochable sur le plan historique.
Destinée à toutes les catégories de lecteurs elle sera également un « outil » pédagogique intégrant une partie documentaire.
L’éducation nationale, partie prenante de notre projet, proposera aux enseignants une fiche d’exploitation.
Et en complément, pour valoriser l’important et fondamental travail réalisé en amont par Jean-François Miniac un « making of » sera édité en simultané, par « les Ardents Éditeurs ».
Le dessinateur, Bruno Marivain, est venu également à Oradour, visualiser les lieux du récit écrit par Jean-François Miniac et préciser, grâce aux réponses de Robert Hébras, de nombreux détails graphiques.
Le scénariste et son dessinateur d’un commun accord ont contacté Nicolas Anspach qui dirige une maison d’édition belge et a publié de nombreuses BD historiques de grande qualité tant par le graphisme que par les dialogues.
L’éditeur connaissant « l’événement Oradour » a accepté avec enthousiasme leur proposition. Un contrat a été signé récemment.
En ce qui nous concerne, il est essentiel de préciser à nouveau que l’association est à l’initiative du projet, qu’elle veille à la rigueur du contenu historique et qu’elle n’a aucun but lucratif.

Aucune question n’est posée. Nous procédons au vote pour l’approbation de ce rapport d’activités.
Il est adopté à l’unanimité.

3 – Compte Rendu financier par les trésoriers Philippe Pommier et Henri Malinvaud
Philippe Pommier précise qu’avec la parenthèse du Covid, les recettes ont été très réduites et il y a eu quelques dépenses. OHVR est déficitaire. Les soldes sont négatifs mais les comptes sont sains.

4 – Compte Rendu des Vérificateurs aux comptes
Gérard Chambord lit le rapport établi par Jean-Luc Bayard et Gérard Chambord, vérificateurs aux Comptes.
Mesdames, Messieurs,
Conformément à la mission qui nous a été confiée, nous avons vérifié les comptes de l’association « ORADOUR. Histoire, Vigilance et Réconciliation » pour la période de 01.01.2020 au 31.12.2020.
Tous les documents comptables nécessaires à notre examen ont été mis à notre disposition. Nous avons pu ainsi effectuer les contrôles et vérifications nécessaires. Des explications pertinentes et des justificatifs adéquats ont été fournis dans chaque cas.
Dès lors, nous sommes en mesure d’attester que les comptes de l’association « ORADOUR. Histoire, Vigilance et Réconciliation » pour la période du 01.01.2020 au 31.12.2020 sont sincères et corrects. Ils se soldent par des recettes à hauteur de 550,00 € et des dépenses à hauteur de 955,48 €, soit un déficit de 400,48 €.
En conséquence, nous vous proposons d’approuver ces comptes tels qu’ils vous sont présentés.
En foi de quoi, nous avons rédigé le présent rapport.
À Limoges, le 24.02.2022
Le Compte rendu financier 2020 est adopté à l’unanimité

Mesdames, Messieurs,
Conformément à la mission qui nous a été confiée, nous avons vérifié les comptes de l’association « ORADOUR. Histoire, Vigilance et Réconciliation » pour la période de 01.01.2021 au 31.12.2021.
Tous les documents comptables nécessaires à notre examen ont été mis à notre disposition. Nous avons pu ainsi effectuer les contrôles et vérifications nécessaires. Des explications pertinentes et des justificatifs adéquats ont été fournis dans chaque cas.
Dès lors, nous sommes en mesure d’attester que les comptes de l’association « ORADOUR. Histoire, Vigilance et Réconciliation » pour la période du 01.01.2021 au 31.12.2021 sont sincères et corrects. Ils se soldent par des recettes à hauteur de 690,00 € et des dépenses à hauteur de 1813,72 €, soit un déficit de 1123,72 €.
En conséquence, nous vous proposons d’approuver ces comptes tels qu’ils vous sont présentés.
En foi de quoi, nous avons rédigé le présent rapport.
À Limoges, le 24.02.2022
Le Compte rendu financier 2021 est adopté à l’unanimité

5 – Renouvellement du tiers sortant des membres du Conseil d’Administration :
Sylvie Codecco, Sandra Combeau, Palmira Desseix, Claudine Fourgnaud, Henri Malinvaud, Anne Marie Montaudon et François Thomas sont administrateurs sortants.
Ils se représentent à l’exception d’Anne Marie Montaudon et de François Thomas
Odile Danthieux est démissionnaire en 2020.

3 postes sont à pourvoir.
Il y a 3 nouvelles candidatures : Héloïse Belloir, Dominique Danthieux, Agathe Hébras
Les 5 membres sortants sont, réélus à l’unanimité.
Les 3 nouveaux candidats, sont élus à l’unanimité

Le Vérificateur aux Comptes sortant, Gérard Chambord se représente. Il est également réélu à l’unanimité

6 – Fixation du montant de la cotisation annuelle.
Le montant de la cotisation reste inchangé, à 10,00 €.

7 – Projets pour 2022
– La poursuite des ciné débats avec « Mademoiselle Marie »
– Des actions selon les circonstances
– Le suivi de la BD

8 – Questions diverses :
Claudine Fourgnaud souhaite connaître les projets de la municipalité concernant Oradour.
Philippe Lacroix précise qu’il y a un plan pluriannuel pour l’entretien des ruines. Il a été demandé que la somme allouée soit un peu plus conséquente compte tenu de la dégradation plus rapide du village martyr.
Les autres projets sont plutôt municipaux :
– Travail en coopération avec la ville d’Hersbruck en Moyenne Franconie. Benoit et Philippe s’y sont rendus en novembre pour mettre en place des projets culturels, scolaires et sportifs. Ils ont répondu présents à Fritz Körber. Les représentants de cette ville allemande seront accueillis pour la commémoration du 10 juin pour entamer des relations un peu plus approfondies dans cette perspective.
– La Communauté de communes a restitué la Maison d’Oradour à la mairie d’Oradour pour l’euro symbolique. Il n’est pas question d’y faire un projet mémoriel, il y a déjà le village martyr et le CMO dont la scénographie va être revue après le 10 juin 2024. Cette Maison d’Oradour doit être tournée vers l’avenir. La Commission Culture du conseil municipal, sous l’égide de Benoît Sadry, va travailler à l’élaboration d’un projet qui devra tenir compte à la fois de l’histoire de cette maison mais aussi des infrastructures particulières qui pourraient y voir le jour : salle de conférence, salle d’exposition, …Le projet doit être commun avec l’ANFM et le CMO.

L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 11h30.

La secrétaire de séance,
Sylvie Codecco

Mail : oradour.hvr@laposte.net
Site : http://wwww.oradourhvr.fr</span

Allocution du Président de l’ANFMOG le 10 juin 2022

Le 10 juin 2022 le Ministre de la Justice Éric Dupont-Moretti, assistait à la commémoration du massacre d’Oradour-sur-Glane.
Benoît Sadry, président de l’Association Nationale des Familles des Martyrs et adhérent de l’association OHVR depuis 2012, nous autorise à publier le texte de son allocution.

Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des délégations françaises et étrangères,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,

Monsieur le Garde des Sceaux, au nom de l’Association Nationale des Familles des Martyrs d’Oradour-sur-Glane, qu’il m’est donné de représenter depuis quelques mois, je tiens à vous exprimer notre reconnaissance pour avoir accepté de présider cette journée anniversaire.
Au cours de cet hommage aux victimes du massacre du 10 Juin 1944, vous pourrez vous rendre compte que le crime de guerre – qui a été méthodiquement exécuté ici il y a 78 ans – a profondément marqué notre commune, aussi bien dans l’esprit de ses habitants que dans la chair de ses familles.

Au-delà de l’abject massacre d’une population tranquille et innocente, Paul Eluard a parfaitement résumé l’horreur de cette tragédie lorsqu’il écrivait à son ami, le sculpteur espagnol Fenosa :
« Ici, des hommes firent à leurs mères et à toutes les femmes, la plus grave injure, ils n’épargnèrent pas les enfants ».
En mémoire des 152 écoliers de l’ancien village d’Oradour, les élèves d’aujourd’hui auront une place particulière tout au long de cette cérémonie. Je tiens à les remercier, ainsi que leurs enseignants, pour leur implication dans l’hommage qui va être rendu tout à l’heure.
Je tiens également à saluer la classe Défense de l’Institution Beaupeyrat de Limoges pour sa présence, ainsi que ses deux encadrants pour leur engagement à faire vivre le devoir de mémoire.

Si par le passé – et notamment dans la période préparatoire au procès qui s’est tenu à Bordeaux en 1953 – notre association a eu de multiples occasions d’aller rencontrer vos prédécesseurs à Paris, vous êtes seulement le second Ministre de la Justice à être accueilli à Oradour.

Pourtant, en jetant un regard sur les huit décennies passées, les mots « Justice » et « Oradour » semblent deux termes difficilement conciliables, et qui dans tous les cas ne vont pas de soi.
Il y a quelques années, un journaliste a utilisé l’expression « d’inaudible justice » dans le cas d’Oradour, c’est ce qui semble en effet le mieux correspondre à cette relation.
Lors des salutations du maire il y a quelques instants, vous avez pu être surpris de la présence importante de représentants venus d’Alsace, parmi lesquels une délégation de Strasbourg conduite par son maire, ainsi qu’une délégation d’élus de la ville de Schiltigheim. Leur présence ici aujourd’hui est particulièrement symbolique et rappelle à chacun d’entre nous la déchirure qui a existé entre nos deux régions pendant des décennies.

En effet, le 12 janvier 1953, quasiment neuf ans après les faits, devant le tribunal militaire de Bordeaux, 21 soldats ayant participé au massacre d’Oradour sous l’uniforme de la Division S.S. Das Reich étaient présentés à leurs juges. Le besoin de justice des familles – malgré les lenteurs de la procédure et les multiples renvois – était énorme.
Pour autant, s’agissant d’une juridiction militaire, les familles n’ont pas pu se constituer partie civile. Avant même qu’il ne débute, ce procès annonçait déjà pour elles et pour les survivants une succession de déceptions. En plus, aucun officier responsable ne figurait sur le banc des accusés, seuls un adjudant et un sergent se partageaient les plus hauts grades, tous les autres n’étant que de simples soldats.
Comble du malheur pour la France de l’après-guerre, treize de ces soldats étaient des Alsaciens.
Par les ondes avec la voix de Frédéric Pottecher, et dans les colonnes des journaux sous la plume de Jean-Marc Theolleyre par exemple, les Français ont suivi avec passion ce procès pendant près d’un mois.
Deux mémoires s’y sont confrontées, deux crimes de guerre subis par des Français s’y sont opposés – le massacre d’Oradour-sur-Glane d’un côté et, de l’autre, le drame de l’incorporation de force vécu par l’Alsace.
Après des débats tendus, et pourtant admirablement menés par le président Marcel Nussy Saint-Säens, le verdict prononcé le 13 février 1953 décevait tout le monde. A Oradour, les peines étaient jugées insuffisantes et trop clémentes. En Alsace, au contraire, la condamnation à des peines de 5 à 8 ans de prison pour les 13 incorporés de force étaient totalement inadmissibles.
Pendant près d’une semaine, la France s’est trouvée déchirée par ces deux crimes de guerre. Le 21 février 1953, alors que l’encre du jugement était à peine sèche, alors que déjà, en plein procès, le législateur avait modifié la loi sur la responsabilité collective de 1948, le Parlement votait – au nom de l’unité nationale – une loi d’amnistie en faveur des 13 condamnés alsaciens.

Dans le cas d’Oradour, ce qui rend l’amnistie choquante, c’est qu’elle supprime rétroactivement le caractère d’infraction des faits. A Bordeaux, quelques jours plus tôt, dans son réquisitoire devant le tribunal militaire, le lieutenant-colonel Gardon avait eu cette citation presque prémonitoire, qui résume parfaitement la situation juridique créée par l’amnistie, en reprenant l’image de cette scène du Richard III de Shakespeare, lorsque le duc de Gloucester, couvert du sang du roi, supplie la reine : « Dites que je ne l’ai pas tué ! », et la reine de répondre : « Dites qu’il n’est pas mort ».
A Oradour, la conséquence de cette amnistie a bien supprimé l’infraction. Dans l’esprit des gens d’ici, dans l’esprit des familles, ce massacre resterait à présent le symbole du crime impuni.
En réfléchissant, avec le recul des décennies, sur ces deux crimes de guerre, il apparaît que la grâce aurait pu ne pas avoir ici les mêmes conséquences. Elle aurait permis, en effet, d’affirmer officiellement qu’il y avait bien eu un crime commis à Oradour, mais qu’au nom de circonstances exceptionnelles – dans les faits, cet autre crime de guerre abominable que fut l’incorporation de force – une dispense de peine était obligatoire, voire même naturelle.

A Oradour, il résultera de cette amnistie une rupture des relations avec l’État qui compliquera singulièrement la renaissance de cette ville martyre. À l’exception notoire du Général de Gaulle, le 20 mai 1962, aucun représentant de l’État ne sera plus reçu officiellement jusqu’en 1971.
Dès le vote de la loi d’amnistie, l’Association Nationale des Familles des Martyrs rend la Croix de la Légion d’Honneur et la Croix de Guerre attribuées aux victimes. Elle décide aussi de faire construire à ses frais un tombeau dans le cimetière pour recevoir les cendres des victimes et d’abandonner le monument érigé par l’État. Enfin, elle fait apposer à chaque entrée du village martyr la liste des parlementaires ayant voté la loi d’amnistie ainsi que les noms des 13 incorporés de force qui en avaient bénéficié.

Il faudra attendre le mois d’avril 1998, pour que de jeunes alsaciens soient accueillis au sein des familles d’Oradour. Malgré ce contexte douloureux entre nos deux provinces, un ancien « Malgré-nous » détenu en Russie au camp de Tambov, Charles Gantzer, avait souhaité de son vivant, rétablir le dialogue à la faveur d’un échange de jeunes.
Son initiative heureuse permit quelques mois plus tard au maire de Strasbourg de présider la cérémonie commémorative du 44ème anniversaire du massacre. Depuis, malgré ce passé difficile, les relations se sont apaisées tout en respectant la mémoire des victimes. Des élus d’Alsace ont su prendre le chemin d’Oradour, comme ceux d’ici ont su trouver celui de l’Alsace. En évoquant ces initiatives, je veux naturellement souligner, et saluer, la présence aujourd’hui des élus de Strasbourg et de Schiltigheim. Je veux aussi saluer Raymond Frugier, ancien maire d’Oradour, Marcel Darthout et Claude Milord, mes prédécesseurs, sans leur détermination et leur engagement, cette ouverture aurait été difficile.

La justice française n’a donc pas su apporter l’espérance qu’elle avait fait naître dans l’immédiat après-guerre au sein des familles. Par l’amnistie, le procès de Bordeaux fut discrédité et son souvenir déformé. Il en fut de même avec la justice allemande où, bien souvent, des raisons politiques, voire diplomatiques, ont empêché les tentatives de poursuite des criminels de la Division Das Reich.
Si notre amie allemande, l’historienne Andrea Erkenbrecher, nous a permis de connaître récemment toutes les actions qui ont été engagée en Allemagne de l’Ouest et en Allemagne de l’Est depuis la guerre, la justice rendue par les tribunaux allemands laisse cependant une certaine amertume et un sentiment d’inachevé.

D’une part, les plus hauts responsables du massacre, parmi lesquels le général S.S. Heinz Lammerding, n’ont jamais été inquiétés par la justice, ni jamais extradé malgré les demandes répétées de la France. Ce dernier – après avoir été entrepreneur dans le bâtiment toute sa vie – est mort en toute tranquillité dans son lit en 1971 à Düsseldorf.
Il faut attendre mai 1983 pour qu’un tribunal de Berlin-Est juge le sous-lieutenant Heinz Barth. Ce dernier reconnaît que le 10 Juin 1944 les ordres avait été donnés par le commandant Dickman, et qu’ils consistaient à détruire la localité et ses habitants, y compris femmes et enfants. Reconnu coupable, Barth fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Cependant, malgré ce jugement sévère, le condamné continua à bénéficier d’une pension d’anciens combattants. En raison d’une santé déclinante, il fut finalement remis en liberté en 1997.
Il mourut paisiblement à son domicile en août 2007.

En 2011, une nouvelle enquête est diligentée en Allemagne par le Parquet de Dortmund. Six soldats, encore en vie, voient leur domicile perquisitionné. Après plusieurs mois d’enquête, après une visite des ruines permettant encore de relever des impacts de balles sur certains murs, après l’audition de l’ensemble des témoins du massacre d’Oradour, le procureur Andreas Brendel inculpe, en 2013, l’un des mitrailleurs ayant participé, notamment, à l’exécution des hommes dans le Chais Denis et à celle des femmes et des enfants dans l’église. En juin 2015, malgré les éléments concordants apportés par le procureur, la Cour d’Appel de Cologne a prononcé un non-lieu en faveur de cet ancien S.S. estimant que sa participation ne pouvait pas être clairement établie.

Au final, on peut s’interroger sur ce que peut représenter la justice après un tel crime. Est-ce vraiment la justice au sens du droit appliqué que demande les victimes ? Est-ce qu’on ne court pas le risque d’être forcément déçu par la réponse qu’apportera la justice ? Et, au final, quel sens a la justice pour la nouvelle génération qui vit aujourd’hui à Oradour ?

Peut-être la réponse à ces questions était-elle déjà dans le message lu par le préfet régional, le 21 juin 1944, au cimetière où les victimes venaient d’être inhumées :
« Quelles que soient les raisons invoquées, rien ne peut justifier le caractère effroyable de ce drame, contraire à la convention de La Haye, contraire aux lois françaises et allemandes […]. Adieu, habitants d’Oradour-sur-Glane […]. Nous jurons sur vos tombes que nous ne reculeront devant aucun effort pour empêcher qu’à l’avenir d’autres subissent votre sort. Ce sera là toute notre raison d’être : que votre martyr serve à sauver les vivants ».
Dans des termes tout à fait similaires, le général de Gaulle, déclarait ici, quelques mois plus tard, le 4 mars 1945 :
« Oradour est le symbole des malheurs de la Patrie. Il convient d’en conserver le souvenir, car il ne faut plus jamais qu’un pareil malheur ne se reproduise ».

C’est le sens de l’hommage rendu aux victimes aujourd’hui, c’est le sens de notre engagement à porter leur mémoire, non pas seulement en se rappelant du martyre qu’elles ont subi, mais en portant leur souvenir pour que d’autres n’aient pas à vivre un tel calvaire.
De même, qu’en tirant les leçons des jours qui ont suivi la tragédie, d’autres – dans des circonstances semblables – puissent bénéficier d’un soutien psychologique qui fut oublié ici, d’une reconstruction de leurs habitations qui les prendrait en compte, d’une meilleure réponse à leur besoin de justice.
Aujourd’hui, par votre présence Monsieur le Ministre, avec les représentants de l’Alsace, avec Mme la Consule générale d’Allemagne, avec notre ami le maire de Dachau, Florian Hartman, avec une délégation importante d’élus du Bezirk de Moyenne Franconie, parmi lesquels notre ami le maire d’Hersbruck, Robert Ilg, avec toutes les délégations et le public présent, nous savons que le plus bel hommage, la meilleure justice que nous puissions rendre aux victimes d’un tel massacre 78 ans après, c’est de s’unir ensemble pour construire sur notre sol européen, un espace de paix et de sécurité.
Cette conviction, cet engagement européen, ont été ici renforcés par la visite, le 4 septembre 2013, du président allemand Joachim Gauck, accompagné de son homologue le président Hollande, venu officiellement reconnaître le crime de guerre perpétré ici par « une unité sous commandement allemand » afin que puisse naître « un chemin vers l’avenir, un avenir commun, un avenir pacifique et dans le partenariat entre la France et l’Allemagne ».
Ainsi, notre idéal européen, fondé sur la liberté, la dignité de l’homme, la justice et la solidarité, est né des cendres de la Seconde guerre mondiale. Avec les délégations présentes ici aujourd’hui, notre histoire européenne s’inscrit aussi bien dans les massacres d’Oradour et de Maillé, qu’à travers les déportés de Tulle à Dachaü, les détenus du Camp des Milles à Aix-en-Provence ou ceux du camp d’Hersbrück dépendant de celui de Flossenbürg.
Demain, il nous faudra aussi inclure dans cette histoire et dans cette mémoire européenne, les crimes perpétrés actuellement en Ukraine, les images de Boutcha ou de Kramatorsk nous rappellent tellement celles qu’Oradour donnaient à voir au lendemain du massacre.

Puissions-nous aujourd’hui, dans la cérémonie que nous allons vivre ensemble dans quelques minutes en mémoire des martyrs d’Oradour, avoir aussi une pensée pour les victimes civiles de ce conflit aux portes de l’Europe, ainsi que pour les victimes des attentats de Paris du 13 novembre 2015 dont le verdict du procès est attendu dans quelques jours.

Je vous remercie.

Benoît SADRY
Président de l’Association Nationale des Familles des Martyrs

Oradour-sur-Glane, le 10 juin 2022

Le Ministre a assuré aux représentants des familles avoir entendu ce message fort, avoir conscience des manquements de la justice. Souhaitant s’exprimer officiellement pour l’Histoire, il a émis le vœu d’organiser une cérémonie à la Chancellerie avec les familles et descendants.

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