Assemblée générale de l’association
« Justice pour Robert Hébras” du 12 janvier 2013
330 participants ou représentés sur 490 adhérents. Début à 14h 55
Accueil des participants par M. Raymond Frugier, maire d’Oradour.
Intervention dans laquelle il salue la nombreuse participation à l’assemblée qui apporte un soutien “mérité et légitime” à Robert Hébras.
Il exprime aussi le souhait que rien ne mette en cause le rapprochement entre Oradour et l’Alsace, les relations entre l’Alsace et le Limousin.
Ouverture de l’Assemblée par Mme Bernadette Malinvaud, présidente.
Rappel de la chronologie des événements qui ont mené à la création de l’association depuis l’annonce de la condamnation, par la presse, le 15 septembre 2012 et d’abord la rédaction d’une pétition par Philippe Pommier, Vincent Brousse, Bernadette Malinvaud, Marc Wilmart
Présentation de cette pétition à la presse le 20 septembre, collecte des premières signatures et constitution d’un comité de soutien.
Création de l’association en octobre 2012 (dépôt des statuts le 2, publication au JO le 13). Envoi d’une lettre à la presse locale, nationale mais aussi aux élus, à des membres du gouvernement et au Président de la République (lecture d’une partie de la réponse de ce dernier).
Dans son intervention, la présidente précise les motivations des fondateurs de l’association et les objectifs assignés : soutien moral primordial, ensuite aide financière.
L’intervention se termine par le rappel de l’action de Mr Robert Hébras et des circonstances qui ont débouché sur la condamnation.
La présidente exprime le vœu d’un pourvoi en cassation pour “rétablir la dignité du témoin”.
Présentation du contexte historique par M. Philippe Pommier
Philippe Pommier intervient pour regretter l’instrumentalisation de l’histoire dans l’arrêt de la cour de Colmar, au risque de réveiller un conflit de mémoires, dont notre association veut se garder. La mise en cause de R. Hébras par les associations plaignantes et par les juges revient à opposer des victimes : les accusés des procès de Bordeaux victimisés, les victimes du crime d’Oradour minimisées ; cela contraint à faire deux rappels historiques à propos des expressions reprochées à Robert Hébras, lorsqu’il évoque les accusés du procès de Bordeaux, il y a soixante ans. (Voir Annexe)
Intervention de M. Robert Hébras
Présentation d’une chronologie de l’affaire et d’abord rappel que le livre, “10 juin 1944 Oradour- sur- Glane le Drame Heure par Heure”, a été écrit en 1992 (citation du paragraphe contesté). A l’ouverture du Centre de la Mémoire, intervention d’associations d’incorporés de force, sans suite. En 2004, Robert Hébras, dans un esprit de conciliation, retire les expressions litigieuses.
En 2008, lors d’une réédition, une erreur de l’éditeur réintroduit la version contestée, et cela à l’insu de son auteur qui, lorsqu’il la découvre, prévient l’éditeur. Ce dernier tarde à retirer l’ouvrage de la vente. Il s’ensuit le dépôt de plainte par les ADEIF, le procès devant le TGI de Strasbourg qui les déboute (octobre 2010) et leur appel devant la Cour de Colmar qui rend son arrêt le 14 septembre 2012.
Remerciements de Robert Hébras qui estime que sa condamnation se répercute sur les victimes qui pour la deuxième fois en soixante-ans sont ignorées.
Annonce du pourvoi en cassation.
Présentation des caractères juridiques de l’affaire par Me Philip Gaffet.
Il s’agit d’une infraction en matière civile et d’une affaire d’édition. Les associations d’incorporés de force se plaignent d’un préjudice moral du fait du contenu d’un ouvrage acheté en Alsace (d’où la compétence du tribunal de Strasbourg) et demandent une réparation symbolique.
Ce sont des propos qui sont mis en cause : or en France et en Europe existe le principe de la liberté d’expression. Il y a donc contradiction.
Il y a eu volonté manifeste de ces associations de ne plus transiger et d’instrumentaliser la justice face à un accusé “de bonne foi” et un éditeur qui ne conteste pas l’erreur.
Conviction que le pourvoi doit aboutir et que le dépaysement sera assuré afin d’avoir un regard neutre.
Prises de parole.
Mme Bernadette Bernard, d’Oradour-sur-Glane s’adresse à l’assemblée pour rendre hommage à Robert Hébras. Il serait souhaitable que l’on fasse connaître, au plan national, ce drame humain. Elle demande que les historiens, les cinéastes s’intéressent aux hommes et femmes qui luttent pour la paix et la justice.
M. Marcel Darthout rappelle son itinéraire de jeunesse, l’épreuve partagée avec Robert Hébras, et sa perception des déplacés alsaciens présents en 1939 et 1940.
M. Gérard Viollet, au nom de l’ANACR soutient la démarche engagée par Mr Robert Hébras . Il estime qu’en Alsace certains font du zèle et qu’il s’agit de défendre l’honneur d’un homme.
Une question est posée concernant les réactions de l’éditeur. Maître Gaffet indique que l’éditeur est en redressement judiciaire. Il n’est pas autonome financièrement : c’est l’administrateur provisoire qui gère ses comptes.
Robert Hébras annonce que “sa voiture est gagée” depuis le 18 décembre 2012.
M. Michel Kiener évoque les sentiments exprimés par les déplacés alsaciens à leur arrivée en Limousin au début de la Seconde guerre.
Exprime son profond respect pour Mr Robert Hébras capable de ne pas céder à la rancœur et de passer à autre chose sans jamais oublier.
Formule le vœu que les associations de “malgré nous » reconnaissent qu’elles se sont trompées en accusant un “juste”.
M. François Thomas, président de la Société des Membres de la Légion d’Honneur 87, insiste sur la nécessité de propager nos messages vers les plus jeunes afin que le souvenir de ce massacre soit transmis à ceux qui ne l’ont pas vécu.
Vote de résolutions proposées par la présidente.
▪ Accord sur l’action menée et son renouvellement si la procédure dure plus d’un an (à l’unanimité).
▪ Accord pour agir devant la Cour européenne des droits de l’Homme si recours refusé (à l’unanimité) – précisions apportées par Maître Philip Gaffet.
Constitution du Conseil d’administration.
Appel à candidatures :
6 noms proposés : Danthieux Odile, Desseix Palmira, Fourgnaud Claudine, Grandcoing Philippe, Malinvaud Henri et Montaudon Anne-Marie.
3 candidatures déclarées : Combeau Sandra, Guiot Edith et Thomas François
Le vote a eu lieu à bulletins secrets : tous les candidats sont élus
Intervention de M. Marc Wilmart.
▪ Rappelle le tournage du film Oradour en 1987-1988 et évoque le souvenir de certains témoins, aujourd’hui disparus, ou encore vivants, qui apparaissent dans le film et à qui il rend hommage.
▪ Rappelle la signification de la permanence du site mais aussi celle de l’amnistie.
▪ S’attache à dégager le sens de la condamnation de Colmar : “68 ans plus tard, s’appuyer sur la loi pour faire condamner une victime est inqualifiable. Que se passe-t-il dans le mental de ceux qui font condamner un survivant d’Oradour ?”.
▪ S’interroge sur les comportements – en particulier sur l’obéissance – dans le cadre d’autres guerres, en particulier coloniales.
▪ S’interroge sur les motivations des plaignants.
▪ Dégage la signification essentielle de l’association : défendre une victime.
▪ Considère que “le traitement subi par Robert Hébras est une injure aux 642 victimes”.
▪ Insiste sur la nécessité d’une mobilisation des réseaux personnels, de faire en sorte que l’argent ne soit pas une contrainte. (Voir Annexe)
A 17 heures, la présidente déclare l’Assemblée générale terminée et demande aux élus de bien vouloir rester pour un bref Conseil d’Administration dont le but est sa mise en place.
Composition du Conseil d’Administration :
Le bureau :
Présidente : Malinvaud Bernadette
Vice-président : Wilmart Marc
Secrétaire : Brousse Vincent
Secrétaire adjoint : Grandcoing Philippe
Trésorier : Pommier Philippe
Trésorier adjoint : Malinvaud Henri
Les membres du CA :
Combeau Sandra
Danthieux Odile
Desseix Palmira
Fourgnaud Claudine
Guiot Edith
Montaudon Anne-Marie
Thomas François
Les secrétaires de séance : La Présidente :
Bernard Pommaret Bernadette Malinvaud
Henri Malinvaud
Annexe 1 : synthèse de l’intervention de Philippe Pommier
Du 12 janvier au 13 février 1953, un procès attendu, douloureux et décevant : le tribunal militaire de Bordeaux, où les survivants ont porté des témoignages bouleversants, mais n’ont pu se porter parties civiles, n’a jugé que des accusés de rang subalterne : 21 “lampistes”, dont 14 Alsaciens, sur 66 survivants de la compagnie de Waffen-SS, tous les officiers supérieurs ayant soit disparu, soit échappé aux recherches ou à l’extradition. Au cours des audiences, les familles d’Oradour ont été exaspérées par la passivité, l’amnésie et les contradictions d’accusés évasifs sur leur enrôlement, à peine effleurés par le remords. Le verdict (deux condamnations à mort, dont une pour le sergent alsacien engagé volontaire et des peines de prison ou de travaux forcés de 5 à 8 ans pour les 13 autres Alsaciens) a provoqué une profonde déchirure : d’abord, une réaction outragée en Alsace, où se multiplient protestations et pressions sur le gouvernement et le Parlement ; puis en Limousin le ressentiment après l’amnistie du 20 février perçue comme un déni de justice et “une insulte aux martyrs” : Oradour se replia dans sa douleur et son amertume, refusant longtemps les honneurs des représentants de l’Etat.
Ce procès intervenait dans un contexte d’amnistie des collaborateurs (lois de 1951 et 1953), défavorable à l’héritage de la Libération, dans un climat de guerre froide, avec pour adversaire de l’opinion dominante non plus le fascisme déchu, mais la menace soviétique, un climat de division à propos du réarmement allemand, dans le débat sur la Communauté européenne de défense, enfin dans la perspective d’élections municipales disputées (26 avril-3 mai 1953).
L’incorporation de force, invoquée par les défenseurs à Bordeaux et les ADEIF (Associations Des Evadés et Incorporés de Force) alsaciennes, est un fait incontestable, qui n’exonère pas les exécutants de leur participation au crime inouï d’Oradour.
Elle s’intégrait dans l’annexion de l’Alsace-Moselle par Hitler, au mépris des clauses de l’armistice du 22 juin 1940, dans la politique nazie de germanisation de la population et d’embrigadement de la jeunesse (Jeunesse hitlérienne, Service du travail du Reich). Elle fut précédée d’un recrutement de volontaires (sans grand succès : 2 100 avant l’été 1942). Elle fut imposée en Alsace par l’ordonnance du Gauleiter Robert Wagner le 25 août 1942, et étendue lorsque les réserves vinrent à manquer, y compris dans la Waffen-SS, qui n’avait plus assez de volontaires. Dix des accusés alsaciens sont de la classe 1926. La répression subie ou redoutée, les représailles envers les familles, la “rééducation” dans le camp de Schirmeck dissuadaient de tenter l’insoumission. Recrues réputées peu sûres, les “malgré nous” furent d’abord envoyés sur le front russe ; un tiers des 130 000 Alsaciens et Mosellans n’est pas revenu ; faits prisonniers, ils ont subi les dures conditions des camps soviétiques (ex. Tambow). Engagés dans les opérations à l’ouest, en 1944, les incorporés de force n’ont pu ni su désobéir aux ordres drastiques d’un commandement aux abois.
Le doute émis dans son texte par Robert Hébras, – qu’il a levé volontiers – ne portait que sur les Waffen-SS impliqués à Oradour et n’était pas du tout la négation de l’incorporation forcée en général. Quant à ceux qui s’érigent en représentants des victimes de cette incorporation, honorent-ils leur cause en s’acharnant contre une des victimes du 10 juin 1944 ?
Cette vindicte va à rebours des gestes de réconciliation initiés par les municipalités du Dr Lapuelle, en 1994, et de Raymond Frugier, en 1997, assumés lors des visites d’élus alsaciens en 1998 (Roland Ries, maire de Strasbourg) et en 2004 (Adrien Zeller, président de la région Alsace, envisagea une “demande de pardon” dans le Monde du 9 juin 2004). Le président Chirac a célébré “une mémoire réconciliée”, lors de l’inauguration du Centre de la mémoire en 1999, un lieu au service d’un idéal de paix, “sans le voile de l’oubli” (selon Catherine Trautmann, alors ministre de la Culture).
Entre Limousin et Alsace, une exigence de compassion et de compréhension mutuelles s’impose. En modifiant sa brochure, Robert Hébras y a répondu ; son effort et sa bonne foi doivent être reconnus.
Quelques références pour en savoir plus :
Découvrir le Centre de la Mémoire. Oradour-sur-Glane, par Bernadette Malinvaud et Pascal Plas, CRDP du Limousin, 2000
« L’historien face au massacre : écrire l’histoire d’Oradour », par Dominique Danthieux, in Limousin, terre d’historiens, Pulim 2012.
« Le procès d’Oradour », par Jean-Pierre Rioux, L’Histoire n° 64, février 1984.
Procès d’après-guerre, par Jean-Marc Théolleyre, La Découverte-Le Monde, 1985.
Oradour. Arrêt sur mémoire, par Sarah Farmer,.Calmann-Lévy, 1994, rééd. Perrin-Tempus, 2007.
Oradour. La politique et la justice, par Jean-Jacques Fouché, Editions Lucien Souny, 2004.
« Les incorporés de force alsaciens. Déni, convocation et provocation de la mémoire », par Freddy Raphaël et Geneviève Herberich-Marx, Vingtième siècle 6-1985;
Les Malgré-nous : histoire de l’incorporation de force des Alsaciens-Mosellans dans l’armée allemande, par Eugène Riedweg, Editions du Rhin, 1995.
« De la Wehrmacht aux camps soviétiques. La tragédie des « malgré nous », par Gaël Mouellec, L’Histoire n° 255, juin 2001
Annexe 2 : Extrait de l’intervention de Marc Wilmart
(…) En 1988, lors de la préparation du film Oradour – Les Voix de la douleur et Aujourd’hui la mémoire,* nous étions surtout intéressés par l’effet du traumatisme, comment des décennies plus tard il se traduisait dans le quotidien, quelles traces indélébiles il laissait, à commencer par la conservation du village, unique au monde. Objet ô combien symbolique d’un deuil impossible, monumental.
Comprendre Oradour, c’est percevoir, à travers le site, les objets sacrés et les rites, l’onde de choc permanente du malheur.
Onde de choc ravivée aujourd’hui par des ressentiments venus de l’extérieur. C’est une épouvantable histoire de guerre, histoire d’un crime devenu symbole de la barbarie. Histoire d’un bataillon de soldats appartenant au fer de lance du nazisme, les troupes d’assaut SS. Ils portaient tous le même uniforme MAIS n’étaient pas tous ‘’volontaires’’. Il y avait en effet les SS volontaires et les SS contraints et forcés. Ainsi est offert le choix entre pléonasme et oxymore. Bref, il y avait des hommes aux ordres qui ont assassiné en un après-midi 642 personnes.
Bien des années plus tard, lorsqu’il y eut un procès, la politique imposa une amnistie pour ceux considérés comme appartenant aux “non volontaires’’. La loi jeta ainsi un voile sur cet aspect de l’histoire et chacun rentra chez soi, non sans frustration. L’amnistie devenait une sorte d’absolution exemptant tout problème de conscience. A la lecture de certains écrits, il faudrait admettre qu’il n’y eut, parmi les Français, que des victimes, celles d’Oradour et celles qui furent contraintes par d’autres.
Revendiquer un dispositif législatif qui a effacé artificiellement la peine n’exclut pas le crime. N’est-il pas logique qu’un survivant, témoin direct du drame, confronté à une loi de circonstance soit amené à se poser des questions ?
Parmi les hommes identifiés, présents ici le 10 juin 44, en fut-il un seul qui se manifesta d’une façon ou d’une autre auprès des familles ?
A fortiori, 68 ans plus tard, s’appuyer sur la loi pour faire condamner un homme qui a été fusillé et qui perdit les siens reste inqualifiable. Une question reste sans réponse : que se passe-t-il dans le mental de quelqu’un qui est parvenu à faire condamner… un survivant d’Oradour ?
Voilà le paradoxe auquel nous sommes confrontés : la justice sélective, celle qui punit une victime et à mis définitivement hors de cause de possibles bourreaux, pour des raisons politiques, pour une raison d’Etat.
Cela amène à faire un commentaire qui concerne l’actualité.
A l’écoute des médias on entend régulièrement le débat sur la transparence exigée de ceux qui ont participé aux guerres coloniales : l’Algérie, l’Indochine, Madagascar, le Vietnam…. Exigée de ceux qui se sont livrés à des génocides récents, en Yougoslavie par exemple. Parfois des soldats, des officiers, des chefs d’Etat comparaissent devant des tribunaux. Les historiens, les enquêteurs sont au travail, mais à Oradour les zones d’ombre persistent.
J’ouvre une parenthèse à propos de l’obéissance :
Dans les guerres combien de conscrits ont été forcés d’obéir ? N’y avait-il que des volontaires dans les contingents des guerres coloniales ? N’y avait-il que des volontaires parmi les millions de morts des conflits mondiaux ? L’immense majorité des conscrits fut contrainte, ce qui n’interdit pas d’examiner, voire de condamner, les exactions lorsqu’elles furent révélées. Et qu’importent les origines ou l’appartenance géographique de leurs auteurs.
Je pense à cet instant à cet écolier lorrain qui fut le seul à désobéir, ici, le 10 juin 1944. Il quitta les rangs de ses camarades et s’enfuit en courant vers la Glane. Roger Godfrin, petit garçon au destin tragique. En 1988, nous sommes allés enregistrer son témoignage chez lui, en Lorraine. Je lui avais évidemment demandé ce qui avait pu le déterminer à désobéir, il répondit ‘’maman nous avait dit, si vous voyez des uniformes allemands, il faut vous sauver’’. Roger a donc désobéi. Il fut le seul survivant de la famille.
Je reviens à l’actualité et à la problématique qui nous rassemble : aujourd’hui, il est possible de tenir des propos antisémites, nazis, racistes, homophobes à l’échelle de la planète, sur un espace où la loi reste impuissante (sauf pour faire respecter les droits d’auteur). Le tweet est devenu le porte-voix offert à n’importe qui, avec la garantie de l’anonymat.
Par contre, pour Robert Hebras, témoin direct et victime d’un crime de guerre, la liberté d’expression a d’autres conséquences. Il a eu le malheur d’émettre un doute sur le statut de soldat vêtu de l’uniforme SS, à savoir s’ils étaient volontaires ou contraints. Cela lui vaut 10 000 € d’indemnités et une saisie conservatoire de son automobile. Il ne pourrait donc la vendre sans être obligé de verser le produit de la vente aux plaignants.
Mais enfin, que veut-on de Robert Hebras, pourquoi cet acharnement ? Le survivant est-il menaçant à ce point ? Et que menacerait-il ?
Seule nous anime ici l’injustice faite à un homme, survivant d’un massacre devenu symbole mondial de la barbarie. Une plaie que le Limousin porte en lui, un objet devenu sacré, commémoré, un deuil rendu impossible par la conservation, monumentale, unique au monde d’un village “dans le meilleur état de destruction possible” comme le déclara un officiel à la fin de la guerre.
Il n’est en rien question d’esprit partisan, d’appartenance à telle ou telle obédience, réseau, parti, club, mouvement, organisation ,cercle ou secte … Notre action n’a qu’une raison d’être : prendre la défense d’une victime dont la vie fut détruite, dont la mère et les deux sœurs furent assassinées, ici, le 10 juin 1944 dans d’atroces conditions.
Le traitement subi par Robert Hebras est une injure aux 642 victimes. Il devrait spontanément soulever l’indignation et la solidarité. Que faut-il de PLUS pour mobiliser les consciences ?
Condamné à la souffrance et au deuil perpétuel par la sauvagerie, condamné en appel par des magistrats. Tel est le destin d’un Survivant. Et l’on entend ici et là qu’il ne faut pas commenter la décision d’un tribunal. Mais, en démocratie, il est autorisé de contester la loi, il est permis de contester un jugement surtout lorsqu’il n’est pas définitif et que l’accusé a décidé de se pourvoir en cassation.
Ici, en Limousin, au pays de la capitale du maquis, il faudrait tout compte fait se taire ? Accepter, obéir, ne pas interroger les faits, l’Histoire ? Surtout, ne pas interroger les consciences ? Le courage, la solidarité, voilà semble-t-il de gênantes substances.
Il faut se mobiliser, résoudre l’aspect financier de cette procédure. L’argent exigé n’achètera pas la dignité. Le combat est ailleurs que sur nos comptes en banque, il repose sur des principes de considération et de justice.
* coproduction France 3 – Conseil Général de la Haute Vienne
Durée : 2h 08 – DVD – INA